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Le syndrome rotulien
Chez l’adolescent
Il s’agit le plus souvent d’une adolescente âgée de 13 à 17 ans, parfois plus autour de 24 ans, qui présente des douleurs antérieure du genou. Ces douleurs sont bilatérales mais parfois sont plus marquées sur un des deux genoux. On ne retrouve pas d’antécédent traumatique et ces douleurs empêchent souvent une pratique sportive régulière. La prise d’antalgique peuvent soulager ces douleurs. De plus, il n’y a pas d’épanchement articulaire et les blocages sont rares. Habituellement, l’adolescente et ses parents sont désespérés face à cette situation.
L’examen clinique révèle un déséquilibre musculaire
L’examen clinique ne retrouve pas de signe d’instabilité rotulienne mais peut noter un déséquilibre musculaire. En d’autres termes, certains muscles sont trop faibles, ce qui est souvent le cas du muscle moyen fessier. En revanche, d’autres muscles sont eux trop raides (le quadriceps ou les ischio-jambiers sont souvent concernés). La palpation du versant interne de la rotule réveille fréquemment une douleur. En fait, rien de très significatif, les radiographies sont normales et parfois des investigations complémentaires (CT scan, RMN, Scintigraphie) sont demandées pour éliminer une douleur projetée (un problème de colonne ou de hanche) ou encore une pathologie locale (au genou).
Une arthroscopie, qui n’est pas nécessaire, montrerait une surface cartilagineuse le plus souvent régulière avec parfois la sensation d’un cartilage mou (gorgé d’eau) lors de la palpation. Les réels flaps cartilagineux sont rares.
Ces douleurs sont très gênantes et parfois mal vécues par cette jeune adolescente qui souhaiterait qu’on lui propose une solution.
Les bonnes nouvelles.
Les douleurs finissent toujours par passer s’il n’y a pas d’anomalie morphologique. Très rarement, les symptômes persistant après 24 ans, sauf si le genou a malheureusement été opéré.
Cette situation ne conduit pas à l’arthrose.
Les moins bonnes nouvelles.
On ne comprend toujours pas l’origine exacte de ces douleurs. Des hypothèses variées (une hyperpression dans le compartiment fémoro-patellaire externe, un retard de l’allongement musculaire lors de la croissance osseuse, c’est-à-dire lors de la puberté, à l’origine d’un déséquilibre musculaire dans le plan sagittal) n’ont pas été validées. L’hyper-vascularisation du ligament adipeux du genou est aussi une hypothèse non vérifiée scientifiquement à ce jour. Par contre, une insuffisance de certains muscles (notamment le muscle moyen fessier) ou une raideur d’autres muscles (quadriceps ou ischio-jambiers) est fréquemment retrouvée.
Les douleurs évoluent pendant parfois de nombreux mois et l’adolescente doit parfois renoncer à certaines passions sportives.
Il n’existe pas de « méthode miracle » mais un ensemble de mesures sont susceptibles d’apporter un plus grand confort.
L’analogie avec la migraine.
Nous avons développé il y a de nombreuses années le concept de « migraine du genou ». Ainsi, tout comme la migraine, on ne comprend pas bien ce qui est à l’origine des douleurs puisque le cartilage n’est pas innervé. Et pourtant, chacun comprend bien que ce n’est pas en ouvrant le crâne que l’on soigne la migraine. Il en est de même avec le syndrome rotulien. Si certaines méthodes améliorent les patients migraineux (médications antalgiques, café), il est aussi de nombreuses méthodes qui permettent de passer le cap du syndrome douloureux rotulien.
Mais cette situation n’est pas toujours bien comprise par l’adolescente qui vit ses premières douleurs et est peu encline au compromis. Elle ne sait pas encore que le temps est son meilleur allié. La chirurgie peut malheureusement conduire à de multiples interventions, qui chacune n’aura pour but que de « réparer » la précédente. Autant ne pas commencer. Si l‘examen clinique a été fait, si les examens complémentaires se sont avérés normaux, il convient de faire confiance à votre chirurgien. Multiplier les avis ne fera que médicaliser à l’excès une situation dont l’évolution naturelle est longue mais excellente.
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Chez l’adulte de 35 à 40 ans : le genou « forcé ».
Le syndrome rotulien prend un tout autre visage : celui du genou forcé. Alors que tout allait bien, vous avez modifié vos activités et les activités que vous pensiez accessible se révèle excessif, souvent par manque de préparation. C’est ainsi qu’après un trekking, une marche en montagne, la reprise de footing, vous présentez des douleurs antérieures du genou rebelles, plus souvent unilatérales. De plus, l’épanchement articulaire est peu fréquent. L’examen clinique réveille ces douleurs à la face interne de la rotule lors de la pression. Cette examen évalue également les chaines musculaires. On retrouve alors souvent une raideur ou une faiblesse localisée. L’examen clinique élimine d’autres diagnostics, de même que les examens complémentaires.
Outre les radios normales, la RMN (Résonnance Magnétique Nucléaire, IRM en anglais) et l‘arthro-scanner (injection d’un produit de contraste dans le genou couplé à un scanner) permettent une analyse précise du cartilage fémoro-patellaire et parfois de découvrir un flap cartilagineux à l’origine de blocages rotuliens ou d’un épanchement articulaire. En effet, dans le genou forcé, les lésions cartilagineuses sont fréquentes. Ces lésions cartilagineuses, plus souvent observées sur le cartilage rotulien que trochléen, n’expliquent pas à elles seules les douleurs.
Le traitement est le même que pour l’adolescent mais une adaptation des activités sportives est souvent nécessaire, de même, les injections articulaires sont parfois efficaces. En cas de pseudo blocages, une arthroscopie peut s’avérer utile pour régulariser un flap cartilagineux.